Voiture autonome : un monde sans conducteurs…

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La Google Car a déjà parcouru plus de 3 millions de km depuis 2009 !

Les modèles de voitures autonomes fleurissent sur les salons présentant les dernières innovations. Encore rangés du côté de la science-fiction il n’y pas si longtemps que cela, les modèles sont de plus en plus performants et certains prototypes peuvent désormais être « lâchés » dans la circulation.

Nul doute donc, que dans 10, voire 20 ans (les spécialistes divergent sur la question), la plupart des véhicules seront dotés de cette fonctionnalité. Et même si les « anciens » conducteurs resteront « accros » à la conduite, on peut penser que bon nombre de millennials adopteront sans souci ce nouveau mode de locomotion… à commencer par ceux qui n’ont jamais passé le permis, ou qui n’aiment tout simplement pas la conduite, tant l’arsenal répressif s’est endurci ces dernières années.

Des véhicules autonomes en test

Aujourd’hui encore, nous ne voyons bien sûr que des prototypes, et les médias s’intéressent davantage aux voitures électriques, qui sont déjà sur nos routes (Tesla, Zoé…). Mais les véhicules autonomes présentent des perspectives qui vont révolutionner notre monde, bien au-delà de ce que l’on pourrait imaginer. Ainsi, toute l’industrie automobile et les équipementiers s’allient avec des géants du web ou des start-ups pour figurer parmi les premiers entrants de ce futur marché. Par exemple, Uber s’est rapproché de Volvo et de Ford pour tester des « taxis-robots » en Californie. Ford, General Motor ou encore BMW investissent plusieurs centaines de millions de dollars en R&D chaque année. Objectif : rattraper le retard pris sur … Google. Car comme dans d’autres secteurs, le danger ne vient pas forcément de concurrents directs mais de nouveaux entrants sur le marché. Dans le secteur des véhicules électriques, qui aurait prédit le succès et l’avance de Tesla sur l’ensemble des constructeurs automobiles mondiaux ?

Des milliers d’emplois directement menacés

En effet, prenons tout d’abord les conducteurs et chauffeurs de véhicules qui vont d’un point A à un point B sans autre valeur ajoutée : exit les chauffeurs de bus ou de taxi, exit le million de conducteurs Uber et d’autres VTC, les livreurs et autres chauffeurs routiers.

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Le camion Otto développé par Uber

Alors que les chauffeurs de taxis luttent contre le dumping social des chauffeurs Uber, que les chauffeurs routiers français se sentent menacés par les chauffeurs d’Europe de l’Est, un danger bien plus grand se profile pour toutes ces catégories d’actifs.

Ce sont là plusieurs centaines de milliers d’emplois qui sont en jeu, juste pour le territoire français. Le délai annoncé de 10 à 15 ans est donc très court pour imaginer et mettre en oeuvre une évolution ou une reconversion devenue indispensable.

Bien sûr, on peut imaginer que dans un premier temps la législation obligera la présence d’un conducteur, mais pour combien de temps ? A quoi bon conserver la présence de l’homme si la machine engendre moins d’accidents ? Les accidents de Tesla ont fait grand bruit en 2016 et les esprits négatifs ont tancé la voiture autonome : mais se souvient-on des pionniers de l’aviation ?

Une réduction du parc automobile ?

En posant la réflexion, s’il ne reste qu’à  choisir un lieu de destination pour se déplacer, s’il n’y a plus de plaisir de conduire, on peut se demander quel sera l’intérêt de posséder une voiture. Est-ce nécessaire de posséder une voiture si un véhicule peut venir devant son domicile à l’heure programmée par Waze, par exemple, qui calcule déjà l’heure de départ à partir d’un rendez-vous noté sur l’agenda ? Plus besoin de parking, ni à son domicile, ni sur le lieu de rendez-vous, plus de stress pour se garer … l’avenir de l’automobile pourrait être celui de l’économie de partage, qui a bien d’autres vertus par ailleurs.

L’économie entière transformée

Les professions annexes à l’automobile pourraient être concernées : les autos-écoles, par exemple. Un jeune majeur sera en droit de se poser la question : « à quoi bon passer le permis de conduire puisque les véhicules me conduisent automatiquement là où je veux me rendre ? » L’utilisation sera aussi simple que celle d’un PC ou d’un smartphone, des applis telles que Waze prenant le contrôle du véhicule.

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Le futur Combi Volkswagen : ID Buzz

Pour les compagnies d’assurance, la question reste entière, même si l’échéance est un peu plus éloignée, le temps que l’ensemble du parc automobile devienne autonome. Dans un premier temps, la difficulté sera de déterminer la responsabilité d’un sinistre entre le conducteur (qui n’en sera plus un) et le constructeur.
L’étape suivante soulève une question plus impliquante encore : que vont devenir les primes d’assurance s’il n’y a plus d’accidents de la route ?

L’Etat Français aussi

L’Etat Français devra aussi s’adapter à ces véhicules qui ne commettront plus de fautes, et compenser la « perte » des contraventions pour excès de vitesse ou stationnement, soit 1,8 milliard d’euros (prévus pour 2017 au budget de l’Etat).

La publicité et le commerce également impactés

Les enjeux sont énormes, même s’ils restent peu perceptibles pour le grand public, et les GAFA l’ont bien compris. Les domaines de la cartographie, de la publicité et du commerce pourront être alors directement impactés. Que se passera-t-il en effet pour l’enseigne disposant d’un flux important de véhicules si, du jour au lendemain, ces véhicules apportant des clients « spontanés » sont orientés sur un autre axe routier ?

Le consommateur ne fera plus forcément de requête pour trouver un produit en stock en magasin puis sa route pour s’y rendre, il demandera directement à son véhicule (via son smartphone?) de se rendre (seul, au drive ?) là où le produit est disponible. Et si deux concurrents disposent du même produit au même prix, qui fera le choix de l’enseigne ? Le constructeur automobile, Google, Tesla ou l’humain ? La communication ne devra plus s’adresser au client final uniquement, et les entreprises devront arbitrer leurs budgets pour être également présentes sur les plateformes d’automobiles connectées.

De même pour une société concessionnaire d’autoroute : un véhicule autonome pourrait très bien « choisir » de quitter certains tronçons pour optimiser le coût de déplacement et éviter de s’arrêter aux aires d’autoroute. Les accords commerciaux avec les géants, maîtres de la technologie et de la cartographie, deviendront donc nécessaires, voire incontournables.

Enfin, le conducteur, devenu simple passager, aura donc du temps pour consommer différents contenus : et là aussi, la plateforme dont il sera équipé remportera la mise !

D’où l’importance pour chacun des acteurs d’arriver parmi les premiers sur ce marché, car, c’est bien connu, « winner takes all »  …


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